1) L’idée
La gouvernance mondiale, c’est “comment le monde s’organise sans gouvernement mondial”. Des alliances pour la sécurité, des règles pour le commerce, des banques pour amortir les crises, et de l’influence culturelle pour attirer plutôt que contraindre.
2) Sécurité : l’Alliance atlantique (OTAN), à quoi ça ressemble en 2025 ?
Qui ? Les États-Unis, le Canada et la grande majorité de l’Europe. Depuis le 7 mars 2024, la Suède a rejoint, portant l’alliance à 32 pays. Objectif central : si l’un est attaqué, tous le défendent (c’est la fameuse clause de défense collective). À quoi ça sert concrètement ? Dissuader, partager le renseignement, aligner les équipements et s’entraîner ensemble (interopérabilité). Un effet très visible : avec la Suède et la Finlande, la façade mer Baltique–Arctique est beaucoup plus “OTAN-centrée”, ce qui change l’équation de sécurité au Nord de l’Europe. Un point d’histoire : l’OTAN naît en 1949, au début de la Guerre froide. Sa logique d’“article 5” reste le cœur du système de sécurité euro-atlantique aujourd’hui.
3) Zones d’influence : comment elles se dessinent vraiment
Plutôt que des cartes figées, pensez réseaux :
Euro-Atlantique : normes techno-financières (banque, données, concurrence), universités mondialisées, défense intégrée. Indo-Pacifique : routes maritimes, câbles sous-marins, semi-conducteurs ; équilibre délicat entre commerce avec la Chine et sécurités régionales. Le “Sud global” qui s’affirme : le groupe BRICS s’est élargi en 2024 : Égypte, Éthiopie, Iran, Émirats arabes unis ont rejoint (l’Argentine a décliné, l’Arabie saoudite a temporisé). Message : “nous voulons plus de poids dans les règles du jeu”.
Exemple
Un pays africain négocie une ligne ferroviaire : il peut solliciter des financements “traditionnels” (Banque mondiale), des guichets régionaux, ou des partenaires des BRICS — et arbitrer selon le coût, les délais… et l’influence que chaque financeur amène avec lui.
4) Le “soft power” : gagner par l’attraction
Idée clé (Joseph Nye) : influencer par l’attraction (culture, valeurs, crédibilité des politiques), pas par la contrainte. C’est différent de la force militaire (“hard power”), et on peut combiner les deux (“smart power”). Exemples parlants : Jeux olympiques de Paris 2024 : vitrine culturelle, diplomatie du sport, image de marque nationale. K-pop / cinéma / séries : quand la pop-culture fait aimer une langue et une société, elle ouvre des portes économiques et politiques. Bourses et campus (Erasmus, grandes écoles ouvertes aux étrangers) : former des élites amies, sur le long terme. Actu : Joseph S. Nye, le théoricien du concept, est décédé en mai 2025 — bon moment pour réinterroger l’équilibre attraction/contrainte.
5) L’argent et les filets de sécurité
Banque mondiale : finance le développement (infrastructures, santé, climat), avec une mission clarifiée : “en finir avec l’extrême pauvreté sur une planète vivable”. Depuis juin 2023, Ajay Banga préside l’institution et pousse une modernisation de l’outil. Fonds monétaire international : intervient quand un pays manque de devises, restructure la dette, conseille la politique économique. Kristalina Georgieva a entamé un 2ᵉ mandat le 1ᵉʳ oct. 2024. La “plomberie” des paiements (souvent invisible mais décisive) : SWIFT : réseau de messagerie interbancaire utilisé partout ; couper l’accès, c’est durcir des sanctions. ISO 20022 : nouveau format de données pour les paiements ; migration mondiale qui apporte des infos plus riches (meilleure conformité anti-fraude/sanctions). Les flux transfrontaliers basculent au plus tard en nov. 2025.
Exemple
Quand un exportateur veut être payé en dollars ou en euros, la qualité des données ISO 20022 accélère le contrôle “AML/sanctions” et limite les blocages — c’est de la géopolitique… très opérationnelle.
6) Les règles du commerce
Organisation mondiale du commerce : négocie des règles communes et arbitre les litiges. Problème : l’instance d’appel est paralysée depuis 2019 faute de juges, et les membres travaillent à une réforme (décision ministérielle en mars 2024). Pourquoi c’est crucial ? Sans arbitre crédible, chacun hausse les barrières et la fragmentation s’accélère — au détriment des PME exportatrices et des pays en développement.
7) Trois “mini-histoires”
Nord de l’Europe, 2024-2025 : l’entrée de la Suède change la géographie stratégique de la Baltique ; interconnexions militaires, câbles et énergie deviennent des “actifs à protéger” communs.
Un pays en crise de devises : le FMI finance un programme d’urgence, la Banque mondiale répare les services essentiels ; le secteur privé revient quand la confiance est restaurée.
Un grand événement sportif : l’État hôte soigne la sécurité, le récit culturel et l’héritage urbain pour maximiser l’impact soft power — ou limiter les retours de flamme.

